Causes de la mortalité hivernale des abeilles
Des pertes toujours plus importantes hiver après hiver

L'hiver 2021-2022 a été meurtrier pour les abeilles davantage que toutes les autres années.. Des milliers d'apiculteurs de loisir ont subi de grosses pertes de leurs colonies. Mais cette année 2022-2023, même les professionnels constatent une aggravation du phénomène. Peut-être est-ce votre cas ?
Si vous avez perdu plus de 30% de votre cheptel, vous êtes en grand danger de remettre le couvert en hiver 2023-2024, pourquoi ?
Voici quelques éléments de réponses, identifiant les causes majeures de mortalité des abeilles.
Le constat:
Il est avant tout nécessaire de revenir sur ce qu'a été le début de saison 2022. Un copié-collé de 2009 et 2021, avec un départ de fin d'hiver très beau, et ensoleillé qui a permis aux abeilles de sortir prématurément alors que les températures étaient anormalement élevées pour un mois de février.
Ensuite, se sont enchaînés et alternés des épisodes pluvieux, puis un temps froid, puis "re" pluies, vent, froid, et ceci jusqu'au mois de juin.
Dans nos ruchers de moyenne montagne, nous avons pu observer un phénomène étrange: les abeilles métissées et hybrides ont démarré comme des folles, affichant des pleins cadres de couvain tandis que nos abeilles noires ne progressaient guère au-delà de deux à trois cadres de couvain.
L'expérience nous a appris à être patients et de ne rien devancer, surtout pas le rythme de nos abeilles qui, natives et endémiques savent parfaitement se placer sous le régime du mode "survie" comparativement aux abeilles allochtones.
Dès lors, pourquoi vouloir forcer la nature ?
L' Empressement ... toujours croissant des apiculteurs
Que les apiculteurs professionnels aient recours à des techniques de "forçage", cela peut s'entendre car en principe, la maîtrise des cheptels est acquise (chez les vrais pros et non pas les auto-proclamés). D'autre part, il y a un impératif de rentabilité qui n'a pas cours en loisir puisque justement.... c'est un loisir.
Malheureusement en loisir, trop d'éléments viennent encombrer le fourre-tout d'une apiculture non maîtrisée, si ce n'est tout au plus que sous la grande influence des réseaux de l'internet auxquels font régulièrement appel les apiculteurs cherchant une réponse à une problématique. Cette recherche se substitue au temps nécessaire à l'observation et la réflexion. Il est vrai que de nos jours, il ne faut qu'une seconde pour dégainer le portable devenu "Maître à penser", mais c'est aussi pourquoi ce mauvais réflexe coûte trop cher in fine..
Croyez-vous que la maîtrise de l'apiculture s'acquière sur internet ? Certes si un tutoriel montrant la réparation d'une pompe de lave-linge peut se révéler très utile et efficace, l'Apiculture elle, s'adresse au monde du vivant avec de trop nombreuses combinaisons issues de centaines de paramètres, tous différents, selon qu'on exerce notre art dans le Nord de la France, le Sud, l'Est ou l'Ouest la montagne ou la plaine, la Méditerranée ou la cote atlantique etc. mais aussi, la variété d'abeilles avec laquelle l'apiculteur travaille
L'apiculteur de loisir a beau vociférer que la rentabilité n'est pas son but en apiculture, force est de constater que pour une très grande majorité, une année sans miel est difficilement envisageable tant la vente de son miel devient chose indispensable. Et le voilà pris au piège d'une volonté à faire produire ses abeilles, plutôt que de s'inquiéter de leur bien être ou de comprendre que certaines années, le miel ne sera pas au rendez-vous (parfois plusieurs années consécutives).
Cet empressement se vérifie dans deux domaines:
- - l'élevage d'abeilles
- - le mal être des abeilles
L'élevage des abeilles:
Un élevage trop précoce:
Les abeilles ont, dans leur très grande majorité, souffert de carences multiples en protéines. Or, quand un bon Berger des Abeilles® veille bien, il sait les nourrir non seulement correctement en miel quand elles n'ont plus ou trop peu de réserves, mais également en protéines (pollen).
Est-il utile de rappeler et marteler ici que les larves d'abeilles sont nourries grâce aux apports de pollen qui, une fois transformé en bouille de gelée royale, constitue la principale source alimentaire. Sans pollen, pas de gelée royale car les glandes hypopharyngiennes des nourrices ne produisent qu'une gelée royale de très piètre qualité. Dans un même temps, la reine réduit sa ponte car étant elle aussi alimentée par une nourriture devenue inférieure, elle se contente par conséquent que du strict minimum.
Dans ce mal-être, l'activité des abeilles se trouve réduite donc, non seulement par les très mauvaises conditions météo, mais de surcroît par une réduction de l'activité qui en découle.
Le Varroa
Dans de telles situations, le système immunitaire des abeilles ne leur offre plus suffisamment de moyens de défenses. Elles deviennent vulnérables à toutes sortes de maux et principalement, un manque flagrant de vivacité. En conséquence, elles auront beaucoup de mal à résister à leur prédateur qu'est le Varroa et dont un retour très tardif chez les colonies les mieux portantes, aura raison de leur vie vers le début février. Soit dit en passant, nombre de colonies ont été atteintes par le prédateur bien en amont, au cours de la première quinzaine d'octobre, correspondant à une période de relâchement de vigilance de l'apiculteur. Cette réinfestation après traitement, permettra aux laboratoires concernés de promouvoir de nouveaux traitements, toujours plus nombreux...
Le frelon asiatique:
Il a fiché la paix à nos avettes pendant la quasi totalité de la saison. Cependant, il a fait un grand retour soudainement dans nos apiers, dans le courant de la première quinzaine d'Octobre, échappant à la vigilance de nombreux apiculteurs. Sa charge s'est révélée être extrêmement violente tout autant que soudaine.
En fait, nos abeilles n'ont pas été les seules à être malmenées par les conditions météorologiques, et quand les normales de saison sont revenues, le Frelon asiatique était lui aussi de retour.
Malheureusement, ce ne sont pas toutes les stratégies de piégeage qui ont sauvé nos abeilles de ce redoutable prédateur.
A ce propos, et depuis deux saisons, nous sommes plusieurs apiculteurs dans l'association à avoir remarqué dans nos ruchers respectifs, que le frelon européen, quand il est présent à proximité d'un rucher, se révèle être un bon gardien défenseur pour nos abeilles en chassant les frelons asiatique alors en vols stationnaires. (Affaire à suivre).
Un empressement qui finit dans le mur
Et c'est ainsi, malheureusement, que nous pouvons dresser un bien triste bilan: celui de la perte de très nombreuses colonies d'abeilles en sortie d'hiver
Nombre d'apiculteurs disent pourtant avoir bien nourri leurs colonies, les avoir bien traitées et bien préparées à l'hivernage etc. etc. Pourquoi ces pertes sont-elles année après année en constante augmentation ?
Notre réponse est simple sans pour autant se montrer trop réductrice: L'apiculture n'a rien de commun avec l'intuitif ! Quand une apiculture s'inscrit dans le plus pur respect de la Nature, alors les pertes sont moindres, et elles le sont encore moins quand l'apiculteur prend le temps de se former ailleurs que sur l'Internet ou les colportages de "on dit..." non vérifiés.
L'année 2022 a débuté avec une dégringolade des apiers de loisir, accusant des pertes supérieures à 60 %, du jamais vu. 2023 ne s'annonce hélas pas meilleur !
Ce chiffre n'a rien d'exagéré malgré le bilan positif de la plateforme ESA qui nous parle d'un taux de pertes de seulement de 26,7%. D'où provient cet écart ? A notre avis, parce que seulement une trentaine de pour-cent d'apiculteurs à l'échelon national ont répondu à l'enquête, mettant en évidence le manque de réponses de celles et ceux qui n'ont pas osé avouer (>44.000 apiculteurs quand même) ou bien qui las de perdre leurs abeilles ont jeté l'éponge.
Alors nous le crions fort: Arrêtez le massacre ! Apprenez à remettre de l'ordre dans votre pratique apicole. Comment ?
Une piste à suivre:
Revenez à l'abeille endémique, celle que nous surnommons l'Abeille Noire !
Cette abeille native et rustique vous posera déjà beaucoup moins de problèmes de conduite de ruchers. Etant naturellement plus résistante que les hybrides et les multi-métissées, elle vous offrira une apiculture heureuse et de bonheur. Vous ne serez pas dans l'obligation permanente d'interventions multiples de nourrissements et de traitements en tous genres. Cela ne veut cependant pas dire qu'il n'y ait rien à faire pour autant, mais de façon oh combien plus raisonnée.
Ne succombez pas aux ragots qui se colportent présentant l'Abeille Noire comme une abeille agressive. L'abeille noire, c'est tout le contraire et ceux qui maintiennent ces dires démontrent parfaitement qu'ils ne la connaissent pas.
En revanche, méfiez-vous des importateurs d'abeilles noires provenant d'Espagne (comme de Grèce) . Il s'agit effectivement d'une autre variété d'abeilles "Apis Mellifera iberensis (ou Iberica)" faussement appelée "Abeille Noire" car sa ressemblance est trompeuse. Bien que proche cousine, cette variété d'abeille supporte très mal les hivers froids et humides. Nombre d'apiculteurs témoignent de son extrême "nervosité" lors des visites, cette abeille se transformant souvent en "Abeille suiveuse", in fine, désagréable à travailler alors que c'est tout le contraire avec notre petite "vraie noire" chérie !.
Vous vous entendrez trop souvent rétorquer: "Les abeilles que je vends sont de "l'Apis Mellifera"... peut être mais en tous les cas, pas forcément de l'Abeille Noire "Apis Mellifera Mellifera"
L'ignorance des nouveaux apiculteurs les conduit à acquérir des abeilles faciles à trouver sur le marché et pour cause ! Rien que l'hybride "Buckfast" (abeille invasive) remplit les ruches de 90% des apiculteurs qui disent aimer et protéger la nature, mais qui, uniquement par l'usage de cette abeille, font tout l'inverse (parfois sans le savoir). Idem pour la Carnica ou la Caucasienne, qui sont des abeilles totalement importées puis maintenues contradictoirement en élevage par des apiculteurs français... Est-ce que cela en fait une abeille endémique pour autant ? NON !
Si n'importe quelle abeille pourrait convenir pour débuter votre apiculture, s'il vous plait ne suivez pas cette voie ! Tant qu'à débuter en apiculture, commencez par lui donner du sens en respectant l'ordre établi des espèces, pas celui des hybrides (Buckfast) qui massacrent littéralement nos abeilles endémiques par la fécondation de nos jeunes reines.
Vous pratiquez déjà l'apiculture sans vous soucier outre mesure de la race d'abeille avec laquelle vous partagez votre loisir ? Pourquoi ne pas envisager de donner un sens plus profond à celle ci ?
Bien sûr, pour le moment, la production d'abeilles noires en France est assez confidentielle, mais grâce à votre soutien et votre prise de conscience, gageons qu'elle fasse son grand retour en force ces prochaines années.
Différents Conservatoires de l'Abeille Noire ont été créés en France
Si vous ne trouvez pas d'essaims d'Abeille Noire à acheter malgré son prix plus élevé, n'hésitez pas à nous contacter. Bien sûr, il ne faut pas attendre le départ de saison pour ce faire, et d'ailleurs le premier piège qui vous est tendu est celui-ci: La précipitation ! Peut-être qu'il vous en sera proposé pour la saison suivante ? Faites preuve de patience car entre temps, vous devez vous former et accomplir un certain nombre de tâches avant d'accueillir vos nouvelles abeilles.
Conséquences de ces pertes

Quand on perd ses abeilles, les conséquences sont dramatiques, tant pour les abeilles elles-mêmes que pour l'apiculteur. Mais il en est une encore plus sournoise: celle de succomber à la tentation d'acheter au plus vite de nouvelles colonies d'abeilles pour redémarrer la saison. Pire encore, la tentation de recharger les ruches avec des essaims de capture.
La précipitation en effet cache ceci: l'apiculteur ne pourra que se rabattre sur des variétés d'abeilles multimétissés ou hybrides comme la Buckfast, fléau pour la biodiversité et l'abeille endémique particulièrement.
Cette abeille est en effet très invasive dans le sens où ses mâles viennent féconder nos jeunes reines endémiques.
Vous avez perdu vos abeilles ? Alors contactez-nous et inscrivez-vous dans une apiculture alternative à celle que propose l'apiculture conventionnelle. Donnez enfin un sens profond à votre pratique, quelque soit votre objectif de simple amateur, de pluri-actif ou même professionnel. Nombre d'entre nous au cœur de notre association des Bergers des Abeilles ® ont vécu ou vivent toujours avec l'Abeille Noire ! Pourquoi pas vous ?.Contactez-nous
Un comparatif réelement évocateur ?
Bernard NICOLLET a pu constater (et il est loin d'être un cas unique), au cours de ses 20 dernières années d'apiculture professionnelle, avec un cheptel moyen de 420 colonies au cours de sa période d'activité, que les mortalités hivernales reconnues dans ses ruchers concernaient essentiellement les abeilles hybridées ou multimétissées:
- Chez ses abeilles noires, le taux de mortalité hivernale est inférieur à 1% contre 20 à 30% (selon la rudesse hivernale) pour les abeilles métissées.
Il est loin d'être le seul à dresser ce constat dont on retrouve sensiblement les mêmes pourcentages dans différents endroits de France.